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Comment trouver des missions en tant que webdesigner freelance ?
Un webdesigner freelance réalise le design des sites web, mais aussi des mobiles, des applications, des plateformes digitales. Nous avons choisi deux profils de professionnels différents pour comprendre les éléments d’une bonne recherche de missions : une designer web, Maud Rubeaud, et un designer d’expériences, Antony Legrand.
Vous êtes webdesigner, mais finalement, le mot est vaste. Comment présenteriez-vous votre travail ?
Antony Legrand
En fait, je ne me définis pas comme « web designer », je trouve que ce terme est souvent un peu réducteur et mal utilisé. Pour moi, un designer ne fait pas « que du web » et un « graphiste » ne fait pas que du print. Et de toute manière, même quand on travaille sur un projet Full Web [projet uniquement numérique ndlr], on se doit de prendre en compte tout le reste. On oublie trop souvent qu’on design des projets qui sont dédiés aux utilisateurs et donc à des humains. Les applications ou services web sur lesquels nous travaillons ne sont pas « juste » de jolies interfaces…
Donc quand on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds que je fais 8 métiers (j’ai d’ailleurs écrit un article sur le sujet…) car quand je travaille pour un client, je touche à la fois à de la direction artistique, à de l’expérience utilisateur, à de l’UI [interface utilisateur, de l’anglais “User Interface, ndlr]. Et mes projets sont souvent « cross plateformes » : j’adore créer des expériences qui mélangent du papier, du digital, du tactile, de la vidéo, de l’illustration…
En vrai, je ne suis pas trop fan de tous ces termes « techniques » genre « DA, UX, UI… Designer » que tout le monde utilise un peu n’importe comment… Le meilleur exemple étant le terme d’UX Designer [Designer d’Expérience utilisateur, de l’anglais “User Experience Designer” ndlr] qui est devenu super à la mode et qu’on cite sans même savoir ce que c’est. Pour travailler souvent avec de « vrais UX Designer » ce sont quasiment des scientifiques/analystes des comportements humains ! Alors, au final, j’ai trouvé un terme qui me convient bien, je dis que je suis « Designer d’expériences ».
Maud Rubeaud
Justement, j’essaie de repositionner mon activité non plus sur webdesigner mais sur Designer Web. La subtilité peut paraître innocente, mais j’aime dire que je design, au sens large, le Web, dans le sens confectionner.
Confectionner ça veut dire le penser, le réaliser graphiquement, le construire techniquement, le promouvoir. Donc pour moi, webdesigner n’est qu’une partie de mon métier. J’ai une palette plus large – les années faisant – et je trouve dommage de se cantonner à un seul secteur. Même si c’est mon métier de coeur.
Où et comment démarchez-vous vos clients ?
Antony Legrand
Je n’ai jamais réellement démarché mes clients, ça fait plus de 15 ans que je suis designer indépendant et je n’ai même pas de portfolio… (honte à moi). En fait, j’ai toujours eu la démarche du « réseau » en allant naturellement dans les événements liés au design, au graphisme, aux starts-up… Je suis formateur et démonstrateur Photoshop pour la société Adobe depuis longtemps donc ça m’a toujours permis de rencontrer plein de gens dans ces domaines dans des salons, des soirées… J’aime bien ce côté « humain » qui vient un peu en opposition aux réseaux sociaux. Ce qui ne m’empêche pas d’être également à fond sur Twitter par exemple. J’avais créé le site Wisibility qui répondait il y a 8 ans à un vrai manque de formation en vidéo sur le Web. On proposait des tutoriels rapides dédiés aux designers sur Photoshop, Illustrator… Le fait d’être très actif à l’époque sur tous ces thèmes m’a donné une bonne visibilité sur le Web (d’où le nom Wisibility ;)) et c’est comme ça que je me suis fait connaître.
Ensuite, un client dit du bien de vous et vous conseille à d’autres… En gros, je pense que la clef pour trouver des clients, c’est d’être avant tout présent dans des événements IRL pas forcément liés à son métier, car c’est là qu’on rencontre des gens qui ont besoin de vos services. À côté de ça, il faut également travailler sa présence sur le Web à travers des sites comme Dribbble et Behance qui permettent de montrer ce qu’on fait. Pour compléter cette présence sur le web, je dirais que Twitter est un outil formidable pour rentrer en contact avec des personnes qu’il serait compliqué, voire impossible, de rencontrer dans la vraie vie.
Maud Rubeaud
J’ai démarché au début quand je me suis lancée, il y a une dizaine d’années. J’avais trouvé un annuaire des PME en France et recueilli près de 3 000 mails. Au final j’ai eu moins d’1% de réponses. Mais ce pourcentage a été suffisant pour démarrer mon activité et depuis je n’ai plus à démarcher en direct.
Par contre je prospecte toujours, mais de manière indirecte. J’essaie d’être toujours un petit peu présente sur les réseaux sociaux, de partager mes astuces, de répondre aux questions des débutants, même si je n’ai pas toujours le temps. Un freelance qui partage son métier avec passion donnera toujours plus envie qu’une personne qui garde ses secrets jalousement.
Comment choisissez-vous les missions qui vous intéressent ?
Antony Legrand
Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir « choisir mes clients ». Évidemment, ce n’était pas le cas à mes débuts et c’est tout à fait normal. C’est en prenant de l’expérience qu’on arrive à imposer ses choix et ses idées. Mais assez rapidement, j’ai compris que l’argent ne faisait pas tout et qu’il fallait avant tout que je kiffe ce que j’étais en train de faire. On a tous connu ces projets qu’on a honte de montrer. Du coup petit à petit, j’ai vraiment décidé d’arrêter ce genre de commandes, quitte parfois à perdre de l’argent, car je savais d’avance qu’en les acceptant, je serais confronté chaque jour à du stress, que je fuis par-dessus tout. Avec notre collectif Gang Corporate, on avait d’ailleurs joué sur une formule un peu « choc » qui disait « ici, le client n’est pas roi ». C’était une manière d’afficher clairement que si vous vouliez travailler avec nous, ce n’était pas pour nous imposer des idées et des choix comme un « despote » pourrait le faire. Je considère qu’un client vient me voir pour écouter mes conseils. Bien sûr, je suis toujours à l’écoute, mais je n’aime pas qu’on m’impose des choix qui ne sont pas argumentés et réfléchis. Voilà comment je choisis mes missions 😉
Maud Rubeaud
Les missions se filtrent elles-mêmes en fonction du délai. Comme j’ai des délais assez longs, si les clients veulent vraiment travailler avec moi, ils attendent que je sois disponible. Ce n’est pas du tout “si vous voulez travailler avec moi, merci de faire la queue”. Je déteste les gens qui font monter les enchères. C’est vraiment que je m’engage sur des délais, autant que possible, et il ne me viendrait JAMAIS à l’idée d’annuler une mission pour une autre plus intéressante.
Donc il m’arrive parfois de louper des projets super et d’en avoir d’autres, moins funkys, qui me prennent mon temps. C’est le jeu, c’est à moi de trouver du plaisir dans un site de transport de froid comme dans une appli tendance.
Cependant mon moteur numéro un, c’est vraiment le feeling avec la personne. Je peux passer des jours entiers à chercher la bonne solution, multiplier les propositions si l’équipe en face est motivante, d’où les délais 🙂
Avoir un bon book, être présent sur des plateformes, être créatif… Quels sont selon vous les éléments clés pour décrocher une mission ?
Antony Legrand
Là-dessus je ne suis pas le meilleur exemple, car comme je le disais avant, je n’ai jamais eu de portfolio. Je reste persuadé que le réseau sera toujours plus fort que n’importe quel portfolio, sauf si vous avez un vrai style totalement unique qui là vous permettra de vous démarquer des autres instantanément. Mais autant dire que ça n’arrive que très rarement. Je prends souvent cet exemple d’un ami à moi qui était DJ. Il n’était pas très fort, mais toujours présent dans les soirées où il fallait être. Son autre meilleur pote, lui, gagnait tous les concours de DJ à l’époque, mais n’était pas fan du « réseautage ». Au final, le DJ champion n’a jamais réellement percé, là où mon ami beaucoup moins fort techniquement est devenu super connu. Il a rencontré les bonnes personnes au bon moment.
Je suis un peu dans cet esprit. Bien entendu, le top est d’être un peu partout, poster de jolies choses sur Dribbble, sur Behance, les partager sur Instagram, Facebook… Discuter de tout ça sur Twitter. Tout ça fait partie de « la présence ». Je pense qu’on oublie trop souvent le travail essentiel de « commercial » que doit avoir un indépendant. Toute cette présence dans les réseaux et dans la « vraie vie » c’est, quelque part, la création de « son propre marketing », qui est quasiment plus important que la création finale en elle-même.
Maud Rubeaud
Je ne pense pas que la présence sur les réseaux sociaux soit le seul canal pour avoir du travail. Je connais des freelances excellents qui n’ont pas de site en ligne. Ils se contentent d’avoir un très bon bouche-à-oreille et de savoir de quoi ils parlent. Je sais que les clients apprécient particulièrement quand vous leur dites que vous ne savez pas, mais que vous allez chercher, car leurs problèmes vous intéressent.
La présence des réseaux sociaux, c’est juste une petite crédibilité supplémentaire. Mais à l’heure où tout le monde fantasme sur son savoir-faire, c’est dur pour un client de faire le tri. La bataille se joue surtout sur la réactivité et le professionnalisme dans les échanges.
Trouver des missions, des clients sans démarchage commercial, c’est possible ?
Antony Legrand
Bien sûr ! Comme je l’expliquais, je n’aime pas parler de démarchage, mais plutôt de « faire parler de soi ». Je pense qu’il y a plein d’idées assez simples pour faire parler de soi. Côté graphique, on peut par exemple surfer sur des actualités. Faut savoir être « malin » en imaginant des choses susceptibles d’être facilement partageables. Je pense notamment aux hashtags sur Twitter ou Instagram qui peuvent rapidement décupler sa visibilité si on est malin. Le simple fait de regarder les meilleurs hashtags du jour et d’aller ensuite créer des visuels qui les illustrent, en apportant, pourquoi pas, un trait d’humour, est une bonne solution. Déjà, ça oblige à créer des visuels rapides quotidiennement (c’est un très bon entraînement) et ça permet aussi de se trouver un style ou au contraire de jouer sur plein de styles différents. Il suffit ensuite de partager ça aux personnes influentes susceptibles d’être « touchées » par ces visuels et il y a toutes les chances, qu’un jour, une de ces personnes partage votre création et ainsi de suite… L’air de rien, même si vous n’êtes pas du tout connu, vous ne risquez rien à tenter ce genre de choses et les « influenceurs » sont souvent à la recherche d’images qui viennent illustrer leur propos ou de personnes capables de gérer leur image.
Maud Rubeaud
Oui, c’est possible. Il suffit de traiter chaque client comme s’il allait vous apporter dix autres missions. Aujourd’hui, je ne travaille quasiment que grâce au relationnel ou à mon référencement. Je crois n’avoir sollicité qu’une seule agence en dix ans avec laquelle j’avais envie de travailler. Depuis, on fait des super projets ensemble.
Par contre si le secteur dans lequel vous évoluez ne vous plaît pas, oui il faut parfois faire appel aux vieilles recettes du porte-à-porte. Le travail ne vous tombe pas dessus non plus.
Un dernier conseil pour trouver des missions ?
Antony Legrand
Ne jamais rien lâcher, être toujours positif, kiffer ce qu’on fait, ne jamais arrêter de se former et surtout défendre ses idées !
Maud Rubeaud
Évitez de vous inscrire sur toutes ces plateformes de freelance qui sont plus des foires aux bestiaux qu’autre chose. Votre expertise sera noyée dans la masse. Et les personnes qui font appel à ces sites cherchent en général le meilleur prix et non la meilleure expertise.
Donc, un conseil : faites ce que vous savez faire, mais faites-le bien : article d’expertise, rebranding fictif, conseils sur les forums… Il n’y a pas de mauvais canaux, que des mauvaises méthodes !